LE BOIS DU CAZIER

Série photographique

Stéphanie Debaille

Le matin du jeudi 8 août 1956, 275 hommes étaient descendus dans les profondeurs du sous-sol de la mine du Bois du Cazier, pour rejoindre leur poste de travail. C’est à 8 h 10 que le drame se produit : à la suite d’un malentendu avec la surface, un ouvrier, à moins 975 mètres, encage à un moment inopportun un chariot qui devait expulser de l’autre côté un wagonnet vide. Mais, celui-ci ne sort pas complètement, bloqué par un arrêtoir défectueux.
Lors du démarrage de la cage, l’un des deux wagonnets qui dépassent accroche une poutrelle. Celle-ci endommage gravement une canalisation d’huile, détériore deux câbles électriques à haute tension et provoque la rupture d’une conduite d’air comprimé. La formation d’arcs électriques enflamme l’huile pulvérisée. Le feu gagne rapidement la mine. Ce qui était un simple incident d’encagement vient de dégénérer en véritable catastrophe…

Le jour même, à 20 heures, le jeune Roi Baudouin arrive sur les lieux. Le samedi 11 août, il rend visite aux familles…

La catastrophe minière du Bois du Cazier est un événement révélateur de l’absence d’une politique de l’émigration de la part de l’Italie et d’une politique de l’immigration de la part de la Belgique. Pour gagner « la bataille du charbon » et permettre de relever le pays des ruines de la guerre, on a engagé quelque 50.000 travailleurs. Quelques semaines après la catastrophe, la Haute autorité de la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier) convoquait une conférence sur la sécurité dans les mines de houille. Un an après, le 11 décembre 1957, l’Italie et la Belgique signaient un nouveau protocole garantissant de meilleures conditions de vie aux mineurs italiens…

Christian‎ Druitte,
Bois du Cazier, Marcinelle 1956
Archives de Wallonie, 1987
108 pages, photographies de Camille Detraux et Raymond Paquay.

Le chevalement est la structure qui sert à descendre et remonter les mineurs (et le minerai), via une cage d’ascenseur. Il est composé de deux éléments, qui sont la structure portante et le faux carré. La structure portante supporte principalement les molettes (grandes poulies) et assure la stabilité de l’ensemble.

La presse écrite, la radio, la télévision naissante ont relaté les opérations de sauvetage au Bois du Cazier. Pendant quinze jours d’angoisse, on voit des femmes, des enfants s’accrocher aux grillages…

Seuls six survivants sont arrachés à cet enfer dans l’après-midi même du 8 août. Le 23 août, le verdict des sauveteurs est sans appel : « Tutti cadaveri »…

Seuls six survivants sont arrachés à cet enfer dans l’après-midi même du 8 août. Le 23 août, le verdict des sauveteurs est sans appel : « Tutti cadaveri »…

Stéphanie Debaille, photographe du quotidien

Stéphanie Debaille est née à Charleroi (Wallonie-Hainaut). Cette photographe de 44 ans, surdouée et touche-à-tout, arpente, depuis qu’elle est toute petite, les chemins de sa région, à l’affût des moments clés de la vie : évènements festifs, marches folkloriques, pèlerinages, cérémonies officielles, concerts de jazz ou de rock… 

Elle amoncelle les clichés, tous porteurs d’une émotion fugitive, qu’elle brûle de partager. Malgré sa passion pour la photo argentique, c’est avec son iPhone qu’elle nous livre cette série d’images consacrées au site du Bois du Cazier, comme un devoir de mémoire. Des images à fleur de peau reflétant encore et encore le désespoir tranquille d’autrefois, à peine apaisé, après tant d’années écoulées…

Cette série photographique reflète les souvenirs d’une époque lointaine où l’exploitation minière était un fleuron de l’économie. L’activité utilisait une main d’œuvre faite de nombreux émigrés. C’est le début de l’implantation d’une communauté italienne fortement représentée, notamment dans la région du Borinage.

Ci-dessous d’autres photographies de Stéphanie Debaille témoignent de sa passion pour l’architecture (et particulièrement pour l’architecture industrielle). La dernière photo de la série montre une de ses réalisations en céramique. Elle représente (en 4 versions) le haut fourneau 4 de l’ancienne cokerie Carsid (Marchienne-au-Pont) qui sera bientôt transformée en pôle économique et d’innovation (un site de technologies et de services industriels « propre »).

Cleantech sera, en effet, une plate-forme « d’incubation, d’innovation et de formation accessible aux entreprises, aux startups, aux centres de recherche et aux acteurs de la formation, qui s’articulent autour de la transition énergétique, la rénovation durable et la circularité des matériaux » (source : Margaux Monforti, chargée du projet). L’entreprise est financée par l’Europe et la Région wallonne. L’inauguration est prévue en 2029.

Publié le 23 août 2024 par gdc.